Les paris perdants de l’entrepreneur

Les paris perdants de l’entrepreneur

PLEIN DE FOIS, J’AI PENSÉ DÉNICHER UNE OPPORTUNITÉ EN OR ET : PATATRA, C’EST UNE PERTE DE TEMPS, D’ARGENT ET PAR CONSÉQUENT DE MOTIVATION (« DÉCIDÉMENT, JE NE PERCERAI JAMAIS »). D’AUTRES FOIS, J’ACCEPTE UNE PROPOSITION, UN RDV, J’Y VAIS EN TRAÎNANT LES PIEDS ET : BOUM, C’EST UN GAIN DE RÉSEAU, UNE VENTE ET DONC UN SURSAUT D’ESPOIRT (« ÇA DEVRAIT LE FAIRE »).


C’est bien le plus difficile dans mon quotidien d’entrepreneur : les paris gagnants. Pour faire des plans sur la comète (et donc, mettre en forme des idées) il n’y a pas de problème, je suis toujours opérationnelle et si ça ne me fait rien gagner, ça me permet au moins de m’évader. Mais quand il s’agit de prendre des décisions pour se développer, c’est autre chose : ça passe ou ça casse ! Et quand ça casse, ouille, ça fait des dégâts.
Voilà six situations dans lesquelles mon flair m’engage à me trouver de moins en moins, merci l’expérience !
NB avant lecture : moi aussi, j’ai démarré sans un pesos en poche et sans les contacts. Je connais la valeur de l’entraide, je privilégie l’humain au digital et je ne refuse pas l’association ou les partenariats mais après trois ans de “poudre aux yeux” (et j’ai moi-même certainement pêché de même auprès des autres), je sais mettre le holà face à ces situations.

EXEMPLE 1 – L’OPPORTUNITÉ DE FOU
Ai-je vraiment besoin d’en dire plus ? A combien de soirées uniques, événements quali, rencontres au sommet et autres m’a-t-on dit que je devrais me rendre (en payant parfois) ou participer bénévolement (toujours) ? Pour au final, une couverture médiatique nulle, des invités qui ne coïncident ni avec ma cible ni avec des partenaires de confiance et une présence sur les réseaux sociaux médiocres.

compter 1h à 5h de perdues / en bonus : le sentiment de gaspiller son temps


EXEMPLE 2 – LA RENCONTRE PAR L’ENTREMISE D’UN AMI

Lorsqu’un ami ou collègue de travail souhaite vous présenter à une de ses connaissances car le duo “pourrait bien faire des étincelles”, j’imagine que nous allons conjuguer nos compétences pour proposer un service ou mener un projet qui sera utile et que nous serons récompensés financièrement pour les efforts fournis. Je me rends donc toujours avec beaucoup d’excitation à ces RDV mais généralement, ça se finit en eau de boudin : le contact me raconte sa vie, moi la mienne et je me retrouve à dispenser des conseils gratuitement sur ce qu’il/elle pourrait faire en me demandant intérieurement “mais à quel moment va-t-on parler business bon sang ?” D’autres tâches m’attendent et le temps, c’est de l’argent comme dirait l’autre.

compter 2h de perdues / en bonus : le sentiment de ne pas être pris au sérieux pour son travail

EXEMPLE 3 – LES CERCLES D’ENTREPRENEURS

Moi qui adore réseauter, j’ai tendance à lever mon bouclier dès que l’un d’eux m’approche et pour une raison très simple : le ratio bénéfices/investissement inintéressant. Je m’explique, lorsque je me rends à la première réunion d’un cercle d’entrepreneurs X, je me présente, pitche mon projet et laisse à disposition des cartes de visite. Puis, comme je m’intéresse aux autres, je vais les approcher pour faire connaissance. Au terme de quelques heures, je me suis fait des copains, j’ai échangé des idées, j’ai ajouté des contacts sur LinkedIn et puis surtout, j’ai passé du bon temps (la force du groupe). Sauf que : je n’ai pas les moyens de payer plusieurs centaines d’euros par mois pour bénéficier d’un peu d’aide sur les problèmes que je rencontre ou pour brainstormer mon prochain move. Sans compter que généralement, il y a deux populations : des cercles où l’on cultive l’entre soi et l’ego et des cercles où ce sont toujours les mêmes visages qui se croisent depuis quinze ans. Bon courage pour 1) s’épanouir dans le premier cas 2) rentrer de gros clients dans le second.

compter 3h de perdues / en bonus : de la frustration

EXEMPLE 4 – L’ERREUR DE CASTING

Je me souviens avoir lu “recherche une belle plume qui n’a pas froid aux yeux afin de parler d’un projet de grande envergure”. On me recommande, parfait je me fais connaître avec enthousiasme, convaincue d’écrire (piger) du contenu pour un client (“à moi le reportage de guerre !” s’enflamme mon imagination). Après quelques échanges de mails et de coups de fil manqués, survient le RDV téléphonique avec une personne qui me vend “le projet de grande envergure”, avec tant d’enthousiasme que je commence à comprendre de quoi il retourne… À la question “alors, qu’en pensez-vous ?”, je réponds que je trouve le projet intéressant mais qu’elle cherche quelqu’un qui en parlerait (dans la presse), soit un(e) journaliste affilié(e) à un périodique. Il n’y a ni contrat, ni argent sur la table, ni reconnaissance à la clé et je ne suis pas journaliste. De plus, je n’aurais pas pu proposer le sujet au média (client) pour lequel j’écris en local car ça se passait ailleurs. Bref, désillusion mutuelle : ce n’est pas pour moi.

compter 2h de perdues en tout / en bonus : devoir apprendre aux gens à spécifier leurs requêtes dans leurs posts (tout le monde y gagnera) et que tout travail se paie.

EXEMPLE 5 – LA DEMANDE D’AIDE DÉGUISÉE

Ma préférée et la plus répandue ! Pas un mois ne passe sans que l’on m’approche pour me proposer d’intervenir au sein d’un groupe ou pour me faire part d’un projet unique voire pour m’annoncer une création d’entreprise quand en réalité, on veut simplement des conseils gratis. Là-dessus, je suis une vraie bonne pomme car j’adore aider mon prochain, surtout s’il/elle est mû(e) par un désir de création. Erreur ! Sans le savoir, ces personnes sont semblables au loup dans la bergerie car elles attirent mon attention avec la perspective de louer l’un de mes services ou de partager des nouvelles joyeuses sauf qu’elles n’ont rien à donner et tout à prendre. “Oui c’est cool merci, mais du coup, tu pourrais me dire comment tu as fait toi ?”, “Oh super ce que tu as créé, ça te dirait de venir nous en parler gratuitement parce qu’on est sympa ?”, “Pas mal ce projet hein ? Tu veux bien t’engager à en faire la promotion sans y avoir de rôle et parce qu’on te le demande ?”.

compter 1h de perdue / en bonus : le sentiment d‘être prise pour une poire

EXEMPLE 6 – « TRAVAILLONS ENSEMBLE »

Celui-ci me dérange moins que les autres ! Je trouve juste que la frontière est très délicate lorsque deux entrepreneurs souhaitent s’associer sans donner à l’autre l’impression de tirer parti de son travail personnel mais tout en assumant la volonté de profiter des compétences et du réseau de cet autre. Il est important de vérifier le feeling, la complémentarité et de trouver des gens qui ne cherchent pas à tirer la couverture à soi en se demandant “Cette personne est intéressée par mon carnet d’adresses -à juste titre. Ok, mais que peut-elle m’apporter en retour ?”. D’être (très) clair sur les termes et conditions dès le départ, vigilant pendant la collaboration et suffisamment humble et confiant pour faire un peu de sacrifices si le jeu en vaut la chandelle.

compter autant d’heures perdues que d’heures passées à tergiverser sur la question / en bonus : potentiellement un nouveau partenaire – ami – associé

Lequel de ces exemples rencontrez-vous le plus souvent dans votre activité ? Racontez-moi en commentaire !